Vibrations, acier peint, oeuvres uniques, 2016
“Un matin j’ai vu tomber une pierre dans l’eau du quotidien. Une ronde d’ondes me traversait. Puis une autre. Et longtemps encore jusqu’à ce que les cercles s’effacent sous la surface de la réalité. Etait-ce vraiment une pierre ? Quelle importance ? Une émotion conviendrait également. Ou un mot. Une musique. Ou encore une personne. Un objet. Une œuvre d’art en particulier. Je sais maintenant que les œuvres existent aussi sous la surface de la réalité. Elles y sont comme des ondes de forme qui nous traversent. Dans une dimension subtile. Ethérée.
J’observais ces vibrations et leurs effets. D’abord avec la musique. Un râga de Chaurasia et je me posais. La voix de Billie Holiday et je repartais en rythme. Ensuite avec la nature. En forêt je m’ouvrais. En Islande je sentais la terre qui me choyait la plante des pieds de sa chaleur maternelle. Même le Bardarbunga me pulsait puissant sous son drôle de nom. Et la mer, reine sereine, son horizon pérenne en plein cœur. Depuis je me suis accoutumé à une vision quantique d’un monde fait d’ondes. Tout y vibre. Tout nous met en mouvement. Dans une danse de l’impermanence. J’ai essayé d’illustrer cela par des jeux de lignes. Je les ai appelées Vibrations. Blanches comme le vide qui nous remplit. Blanches comme la lumière qui s’invite dans la matière. Aériennes comme une fenêtre ouverte sur la cime des êtres.
Etonnante conséquence. Chaque création d’un artiste, chaque œuvre ajoutée dans une chambre ou un jardin, porte et rayonne sa genèse. Au choix des œuvres, gageure ou volupté. Peu de compromis. Nous ne créons que ce que nous sommes. La matière première que modèle l’artiste semble faite de sa propre vie.”
Extrait du catalogue Conversation en apesanteur, 2016