Photographies

 

Les photographies de Stéphane Guiran sont une attention posée sur les instants de poésie qui nous entourent et que nous ne voyons plus. Elles proposent un dialogue entre notre monde intérieur et différents visages de la nature, avec des abstractions à la limite de la figuration, dans lesquelles s’estompent les séparations entre l’intérieur et l’extérieur, entre parcourir notre être et parcourir le monde.

Son travail autour de l’image se construit par série. De 2011 à 2017, plusieurs séries explorent les symétries et effets miroirs, notamment autour des reflets sur l’eau. Il pose son regard sur des réflexions où apparaissent d’autres dimensions du vivant, jouant avec l’imaginaire, recherchant la partie immergée de l’iceberg du quotidien. Comme des fenêtres ouvertes sur les murs de nos certitudes, ses Symétries révèlent des mondes parallèles, interrogent nos perceptions sur les présences qui lient le visible et une forme de vie élargie. Les premières photographies, présentées en 2012 à la galerie Alice Pauli, portent sur des arbres saisis à des instants fragiles et éphémères (en fleurs, sous la neige, branches nues…). En 2015, une nouvelle série explore les reflets de l’eau dans les canaux de grandes villes qu’il traverse (Réflexions urbaines, 2015). Entre 2015 et 2017, il pose son regard dans les forêts, cheminant dans le miroir de ruisseaux et rivières. Il réalise la série Immersion, principalement aux Bouzèdes, sur le Mont-Lozère, qu’il présente en 2017 au Domaine de Chaumont-sur-Loire. 

A partir de 2017, avec ses premières installations, la narration prend une place nouvelle dans son travail. L’écriture, et plus particulièrement la poésie, deviennent le point de départ de ses créations dans la matière et l’espace. Il réalise la série des Fleurs de cristaux, en correspondance avec les oeuvres de l’exposition Les jardins rêvés, présentées en 2018 à la galerie Alice Pauli. Puis, en 2019, il réalise la série Les enfants du Vent, travail autour de pissenlits et de la symbolique du destin, incarnée par le Vent. En 2020, les séries Respirer l’horizon et Tessiture de l’azur viennent s’inscrire dans la création Les mers rêvent encore. Elles sont présentées dans l’exposition éponyme au centre d’art Campredon, à l’Isle-sur-la-Sorgue.

Bien que la nature soit au centre de son travail de photographie, la notion de géographie s’efface pour laisser place au mystère des lieux. Les images sont cueillies dans le quotidien, autour d’Eygalières, dans des métropoles, des forêts, au milieu du vide de l’Islande, dans l’épaisseur de brumes ou les lumières tamisées de glaces figées sous terre. Elles viennent de partout et de nulle part. Peu importe. Le vivant devient présence, sa poésie est en nous, de jour comme de nuit, dans les grands espaces comme au fond de nos pensées.

Texte rédigé à l’occasion de l’exposition Photographies 2011-2021, Eygalières, Maison des Consuls.