“Promenade solitaire en terres vierges. Je cueille dans les forêts du Mont Lozère quelques images. Regards sur un cours d’eau intime où s’écoule la vie insoumise. Eau parfois retenue, m’offrant des miroirs dialoguant avec les cimes environnantes. Parfois ivre, titubant en filets rieurs, déversant ses trésors limpides sur les mousses discrètes et légères de la chanson bien douce de Verlaine. Les éléments me baignent de leur présence. Je saisis leurs reflets dans l’instant. Evanescentes mosaïques de lumières. Silence enjoué.
Le ciel déborde de vie lorsqu’il plonge dans l’eau. Il s’y baigne comme un enfant turbulent. Se ride. Plisse. Court à perdre haleine. S’étiole. S’échappe entre deux nuages. Resurgit sur la brûlure du soleil. Et s’ouvre profond sur les abîmes qui le reflètent. Nous murmurant que l’eau et le ciel resteront à jamais les interprètes de la plus aérienne des chorégraphies. Celle du temps qui passe.”
Texte extrait de “Conversation en apesanteur”, NBE éditions, 2016